Klock-Fontanille

Des supports pour écrire

Tout commence à Uruk. Un poème épique sumérien datant d’environ 3000 avant J.C., « Enmerkar et le seigneur d’Aratta », raconte que le seigneur de cette ville, Enmerkar, « lissa l’argile avec les mains, en forme de tablette, et il y inscrivit un message. Avant cette époque, le fait d’inscrire un message sur de l’argile n’existait pas ». Enmerkar inventa donc dans le même mouvement l’écriture et son support. Pour nous, poser la question de la sémiotique du support, c’est poser la question de la sémiotique de l’écriture. Celle-ci est pour nous une « configuration » (au sens de Ricoeur) : en effet, l’écriture comprend des caractères, une disposition syntagmatique, des objets-supports, des acteurs et une structure actantielle et énonciative d’une pratique d’écriture, le tout étant configuré par une inscription en site d’énonciation, dans une scène pratique. Elle est donc composée d’éléments hétérogènes. La question que nous aimerions nous poser dans cette communication est la suivante : comment transformer ces ensembles hétérogènes en configurations signifiantes ? C’est dans cette perspective que nous envisagerons la question du support/médium, en nous appuyant sur des exemples empruntés à différentes cultures et à différentes époques.