Description du colloque et problématique

     La nouvelle problématique choisie pour nos trois prochaines rencontres annuelles s’articule autour de la notion de saillance – l’émergence d’une ‘figure’ sur un ‘fond’ (cf. l’entrée Saillance dans la Sémanticlopédie) – abordée à travers les propriétés lexicales, morphosyntaxiques, sémantiques et communicatives des signes linguistiques.
     De nos jours, le concept de saillance surgit dans des études consacrées à des phénomènes très variés, tels que la résolution de l’anaphore, la focalisation, la structure informationnelle, la sémantique verbale, la sélection lexicale, la théorie des prototypes, etc. Vu la variété des domaines d’application de cette notion, la première question qui se pose est celle de la définition, ou du moins de la délimitation, de la saillance. En effet, de fraîche date dans l’usage linguistique, la saillance n’a pas de définition généralement acceptée. S’il est devenu courant d’opposer une saillance physique liée à la perception visuelle du texte à une saillance linguistique liée à la compréhension et à l’interprétation du langage, il est inutile de chercher l’entrée saillance dans les dictionnaires des termes linguistiques, de même que dans le TLF. Un autre grand dictionnaire contemporain, l’Oxford English Dictionary, se limite aux acceptions communes de salient et de salience (saliency).
     Dans les ouvrages de linguistique, le terme saillance est utilisé pour se référer à l’importance, l’émergence, ou encore la récence d’une entité dans un contexte donné, propriété qui lui permet d’être perçue, repérée plus facilement au milieu d’autres entités. Il paraît évident qu’il n’y a pas de saillance absolue d’une entité du discours, mais des saillances relatives des différentes entités, selon des facteurs et des niveaux d’analyse différents. La définition de saillance s’impose pour que la notion puisse devenir un outil d’analyse. Cependant, vu la diversité des domaines d’application de la notion, serait-il possible d’envisager une définition de saillance valable pour tous les domaines évoqués ? Quelle est la relation de la saillance aux notions voisines de prégnance, de proéminence (angl. prominence) et de pertinence ?
     Le deuxième problème concerne l’identification de l’entité saillante. Quels sont les critères qui permettent de déterminer qu’une entité est plus saillante qu’une autre et de ‘mesurer’ sa saillance ? Les critères ont-ils tous la même importance pour identifier l’entité la plus saillante ou certains facteurs sont-ils plus importants que d’autres ? Quel est le mode de fonctionnement de la saillance : s’appuie-t-elle sur la gestion de l’information, sur les relations intersubjectives, sur l’engagement énonciatif du locuteur ou sur plusieurs facteurs à la fois ? Quels sont les mécanismes de génération et de compréhension de la mise en saillance ?
     Enfin, la notion de saillance peut-elle devenir un outil performant de l’analyse linguistique, la diversité de ses domaines d’application tout comme le caractère flou de la notion ne diminuent-ils pas sa valeur épistémologique ?

     Le colloque invite à réfléchir sur l’apport de la notion de saillance à la description linguistique :