Séminaire du pôle Discours, Dispositifs, Société

Séminaire du pôle Discours, Dispositifs, Société

Séminaire

28/03/2024

Septième séance du 28 mars 2024
14h30
Salon Préclin, UFR SLHS, Besançon

Description

Le pôle DISCOURS (DDS) a le plaisir de vous inviter à une séance de séminaire le jeudi 28 mars 2024 à 14h30 au Salon Préclin, séminaire assuré en présentiel et par lien de visioconférence (le conférencier interviendra par visioconférence).

Cette séance sera l’occasion d’échanger avec Frédéric Moulène, membre associé de notre pôle, qui nous propose une conférence intitulée :

Herbert Marcuse, retour sur le discours unidimensionnel et la critique de la philosophie linguistique
Herbert Marcuse (1898-1979) n'a pas connu la "révolution de la communication" apportée par les dernières décennies du XXe siècle. Lorsqu’il publie L'homme unidimensionnel (1964), les spin doctors en sont à peine à leurs débuts, même s’ils ont joué un rôle en exploitant les talents télévisuels de John Fitzgerald Kennedy et contribué à sa victoire électorale de 1960. Nous sommes à présent entrés dans une "société en ligne" que Marcuse ne pouvait pas anticiper facilement. Parallèlement, l'effondrement du bloc de l'Est en 1989-1991, la crise de la social-démocratie en Europe occidentale et le virage néolibéral tendent à soutenir le slogan T.I.N.A. ("il n'y a pas d'alternative") qui a été utilisé par M. Thatcher. Il est tentant de comparer ce contexte idéologique avec la notion de "fin de l'utopie" développée par Marcuse dans ses derniers travaux, lorsqu'il constate que la société industrielle est capable non seulement de résister aux mouvements de protestation des années 1970, mais aussi d'intégrer les revendications des personnes dans sa propre logique. Cette question importante doit être reliée à sa critique de la philosophie contemporaine du langage, également connue sous le nom de "tournant linguistique" - pour citer Richard Rorty qui, après certains Ludwig Wittgenstein, Gottlob Frege ont mis en avant le principe selon lequel une analyse approfondie et systématique du langage est un préalable essentiel à l'enquête philosophique. Ainsi, dans ce cadre, tout mauvais usage des mots est vu comme la source potentielle d'erreurs de raisonnement. Si Marcuse accorda lui aussi une grande attention aux questions linguistiques, il n'a pas accepté la perspective du positivisme logique. A ses yeux, un tel cadre théorique conduit à la contribution importante du discours dans la répression et le contrôle social, car il limite le langage à sa finalité utilitaire. Par ailleurs, en se concentrant sur les possibilités logiques du langage, cette approche tendrait à appauvrir l’univers de la pensée et la manière dont elle sert pour envisager des alternatives, sans parler de les réaliser. Marcuse, en abordant ce point, envisage explicitement une "logique orwellienne". Notre intervention vise à mettre à jour et à discuter sa position, dans le contexte actuel, en tenant compte des nouvelles tendances du capitalisme au XXIe siècle et aussi le développement de l’intelligence artificielle.

Contact

Margareta Kastberg SJöblom (Pôle Discours - ELLIADD UR 4661) : margareta.kastberg@univ-fcomte.fr