Séminaire du pôle Discours, Dispositifs, Société
Séminaire
19/09/2024
Séance du 19 septembre 2024
15h00
au salon Préclin, UFR-SLHS.
Description
Cette séance sera l’occasion d’échanger avec notre collègue Virginie Lethier, autour de sa communication intitulée :
De l’opposition distinctive « quanti-quali » aux frontières et reconfigurations de l’analyse du discours
Durant les années 2010, dans un contexte de multiplication des logiciels destinés à outiller les sciences humaines et sociales, la question de l’utilisation de méthodes quantitatives en sciences du langage a donné lieu à de très nombreuses publications. En 2011, la revue Langage & société consacrait ainsi l’un de ses numéros aux « Méthodes d’analyse des discours ». En 2014, la revue Corela proposait un passionnant numéro spécial dans l’espace duquel la plupart des auteur·e·s plaidaient pour une « Complémentarité des approches qualitatives et quantitatives dans l’analyse des discours » et considéraient, à la suite de J. Duchastel et D. Laberge (2014), l’opposition quanti-quali tout bonnement éculée.
Où en est-on aujourd’hui, après une décennie d’argumentaires ? Selon B. Pincemin (2020), le débat perdurerait principalement sur la base de malentendus et de quiproquos. Ce sont ces malentendus que notre communication espère participer à lever, en proposant une discussion focalisée sur la pertinence de l’opposition quanti-quali dans le champ restreint de l’analyse du discours. Nous défendrons la position selon laquelle une telle conception binaire des méthodes n’est pas soluble en analyse du discours, sous peine de deux risques majeurs : d’une part, l’érosion des postulats qui unifient et singularisent la discipline ; d’autre part, l’invisibilisation des reconfigurations conceptuelles et épistémologiques (passées et en cours) de l’analyse du discours.
Après un retour sur les origines de l’opposition quanti-quali et sur les difficultés posées par le sémantisme des deux termes, nous reviendrons brièvement sur le contexte historique d’émergence de l’analyse du discours en France (Mazière, 2005). Celui-ci se caractérise en effet par une émergence simultanée des approches pragmatico-énonciatives sur le langage et des méthodologies outillées (analyse automatique du discours, lexicométrie).
Dans un deuxième mouvement, nous passerons en revue les objections traditionnellement adressées à l’analyse du discours outillée (Née, 2017). La plupart de ces objections seraient-elles liées à des malentendus liés à une méconnaissance des méthodes d’analyse de données textuelles ainsi que le défend B. Pincemin (2020) ? Nous tenterons, pour notre part, de mettre en perspective les objections adressées aux méthodes outillées avec les évolutions passées et actuelles de l’ADT d’une part, et avec l’appareillage conceptuel et épistémologique de l’analyse du discours d’autre part. Partant, nous nous intéresserons à certaines objections de fond, qui pour être pertinentes, nous apparaissent faussement reliées à la question de la quantification.
En conclusion, notre intervention appellera à abandonner l’opposition quali-quanti pour lui substituer d’autres lignes de tension permettant d’éclairer les reconfigurations méthodologiques observables dans le champ discursiviste en lien avec la question centrale du geste interprétatif et de la contextualisation des données.
Contact
Margareta Kastberg SJöblom (Pôle Discours - ELLIADD UR 4661) : margareta.kastberg@univ-fcomte.fr
Virginie Lethier (Pôle Discours - ELLIADD UR 4661) : virginie.lethier@univ-fcomte.fr