Séminaire du pôle DTEPS

Description

Le nom de Michel Pêcheux est intimement associé à l’histoire de l’analyse du discours en France ; pourtant, à bien des égards, il est peu discuté à l’heure actuelle : ferait-il partie du passé de la discipline ? Il est vrai que le dispositif d’Analyse Automatique du Discours (1969) promu par Pêcheux et ses collègues a été rangé au rayon des curiosités : trop lourd, trop imprécis. Pourtant, c’est aussi parce que Pêcheux s’est embarrassé de très fortes hypothèses – sur la langue, sur le marxisme – que son travail est aujourd’hui digne de discussion, par-delà les dispositifs. Poursuivant l’ambition de donner une épaisseur discursive à la notion d’idéologie, le travail de Pêcheux s’est fait point de contact entre linguistique saussurienne et théorie marxiste althussérienne, au risque de la contradiction. De cette rencontre, l’une et l’autre théorie en sont ressorties affectées, et l’analyse de discours y a gagné un concept : le préconstruit. Par cela qu’il permet à un sujet de suggérer sans dire, à un thème de s’imposer avec la force de l'évidence, le préconstruit capture dans l’idéologie ce fait qu’elle avance toujours masquée, ce fait par quoi ce qui n’est pas présent de manière attestée dans un corpus peut pourtant ne pas cesser d’y être appelé par les traces linguistiques qu’il y dépose. Réinvestissement de la langue et de l’idéologie en analyse du discours, le préconstruit implique un rapport rénové au corpus. Outre la contextualisation théorique du travail de Pêcheux, cette séance constitue une exploration des potentialités de cet outil et une invitation à en faire usage.