Séminaire du pôle DTEPS

Description

Auteur de formules volontiers oxymoriques – les fameuses formations discursives comme « systèmes de dispersion » – Michel Foucault est souvent objet de perplexité en analyse du discours. Sorte de cousin éloigné avec lequel un certain air de famille est incontestable bien qu’embarrassant, le philosophe est cité avec une distance aussi respectueuse que prudente. Il est vrai que ses textes prêtent à déboussoler, et en particulier par sa volonté affichée de se démarquer coûte que coûte de la linguistique (à la différence de Pêcheux). Prenant le contrepied des points de contact attendus mais en forme d’impasses (L’Archéologie du savoir), l’on s’appuiera sur cet autre Foucault qu’est celui des années de préparation de Surveiller et punir (1975). Cette période, Foucault la consacre (dans les Cours au collège de France) à l’élaboration des concepts de pouvoir-savoir, de pouvoir disciplinaire, et de normes, sur la base d’un matériau archivistique allant du milieu du XVIIIe siècle à nos jours. Le philosophe repère dans cette période l’émergence de ce qu’il appelle l'« ère du rapport », à travers la généralisation de l’usage du genre dans une perspective d’administration (et de surveillance) de la population. Constitutif une « archive biographique », le rapport – de police, à l'hôpital, à l’usine, dans les écoles, etc. – retrace le parcours de vie des sujets et contribue à « épingler [les individus] à leur propre histoire ». Le savoir que le rapport constitue est tout autant un pouvoir. En prêtant attention à l’histoire de ce qu’il nomme les « technologies politiques », Foucault ne rencontre-t-il pas l’histoire (et la fonction) de certains genres de discours administratifs comme le rapport ? Ainsi, loin des grandes déclarations sur les formations discursives, c’est peut-être comme théoricien (insu) des genres de discours que Foucault peut être utile à l’analyste du discours.