Les genres et formes de la critique musicale aux XXe-XXIe siècles
Colloque
06/11/2014-07/11/2014
Colloque organisé par l'équipe CIMArtS en partenariat avec le CELLAM (EA 3206) de l'Université de Rennes 2 et l'Institut Universitaire de France
- les 6 et 7 novembre 2014
Description
Lorsque paraît, en 1904, le premier numéro du Mercure musical, la couverture mentionne simplement, derrière l'entrée « Au sommaire », cinq noms d'auteurs, tandis que le « Sommaire » proprement dit, en deuxième page, s'organise en deux parties : une succession de cinq articles à dominante littéraire et musicologique précédés d'un court manifeste, avant la « Revue de la quinzaine » composée de divers comptes rendus de spectacles ou de concerts, et d'annonces musicales. Cette seconde partie recoupe ainsi la traditionnelle activité critique de manifestations musicales que l'on trouve dans les journaux quotidiens ou dans les revues à dominante littéraire et artistique.
Cette bipartition fondamentale est encore patente lorsque naît, en 1920, LaRevue musicale d'Henry Prunières. L'organisation néanmoins s'affine : des numéros spéciaux confèrent régulièrement une unité, au moins thématique, à l'ensemble des articles critiques, tandis que la partie « Chroniques et notes » s'organise en rubriques afin de couvrir, de manière plus synthétique, des champs entiers de la vie musicale à travers différentes entrées : « La musique en France et à l'étranger », « Livres, Revues, Edition musicale », « Variétés », mais aussi plus tard « La musique et les lettres », sans parler de nouvelles entrées consacrées aux nouveaux moyens de diffusion – le disque et la radio –, à moins que telle personnalité n'ait le privilège d'animer, de manière plus ou moins régulière, son propre domaine, tel Boris de Schloezer signant ses « Réflexions sur la musique ».
Que ce soit dans les journaux ou les revues, l'attention portée à la musique passe donc par des genres formalisés. Si le compte rendu de concert ou de spectacle est sans doute la forme la plus pratiquée par l'ensemble de la presse, il ne faut pas négliger la forme de l'interview qui attendra les années trente pour se généraliser, la chronique discographique, particulièrement importante à partir de l'essor du jazz, sans oublier les articles événementiels, portraits ou hommages, suscités par tel anniversaire ou tel décès. à ces matrices, il convient d'ajouter, dans les revues musicales, la place faite aux éditos, aux chroniques régulières, au courrier des lecteurs, aux nouvelles, tandis que les articles généralement plus développés qui les composent dessinent la diversité des approches scientifiques mouvantes du fait musical : histoire de la musique, avec ses principaux acteurs, ses genres, ses instruments, mais aussi rapports avec les autres arts, analyse musicologique proprement dite, pédagogie musicale, avant l'affirmation de l'ethnomusicologie, de la physiologie, de la psychologie ou de la sociologie de la musique, etc.
L'enjeu de cette journée d'études sera d'interroger cette pratique des genres et des formes de la critique musicale au XXe siècle selon des perspectives poétiques, historiques ou analytiques. à l'échelle d'une revue ou d'une époque, il s'agira ainsi d'étudier l'évolution et le renouvellement des pratiques, l'influence de telle ou telle personnalité dans le maniement des catégories, la politique éditoriale des différentes publications. On pourra également s'interroger sur l'utilisation des genres les plus couramment pratiqués, comme la critique de concerts ou la critique d'opéras avec ses inévitables jugements de valeur, et montrer ce qu'ils nous disent de l'évolution des approches de la musique en fonction des auteurs, des publications et du public visé, mais aussi en fonction de la vie musicale elle-même, avec ses vedettes, son répertoire, ses polémiques et ses débats. Par le prisme des genres et formes de la critique musicale, c'est toute l'histoire de la musique au XXe siècle, à travers les discours que l'on tient sur elle, qui pourra être revisitée.
Programme
Jeudi 6 novembre
Salon Préclin, UFR SLHS, rue Chifflet, Besançon
Président de séance : Christopher Moore
14h15 : Accueil des participants
14h30 : Introduction
14h45 : Danièle Pistone, U. Paris-Sorbonne
Des us et coutumes de la critique musicale : vers une typologie des processus formels
15h15 : Julien Labia, U. Sorbonne-Nouvelle, MSH-Fondation Fritz Thyssen/Univ. Humboldt, Berlin
La « critique de la critique » est-elle un genre de la critique ?
15h45 : Discussion et pause
16h30 : Pauline Ritaine, U. de Saint-étienne
La critique musicale dans les revues culturelles françaises du premier XXe siècle
17h00 : Florence Lethurgez, U. Aix-Marseille
La réception de Claude Debussy au XXe siècle à travers le prisme de la critique commémorative
17h30 : Discussion
Vendredi 7 novembre
Amphi Fourcroy, Fort Griffon, Besançon
Matinée
Président de séance : Yves Landerouin
9H00 : Accueil des participants
9h15 : Pascal Lécroart, U. de Franche-Comté
Entre musique et littérature : aperçu sur la diversité des formes d'écriture dans Le Mercure musical
9h45 : Michèle Alten, U. Paris-Sorbonne
Les Jeunesses musicales de France : une critique musicale au service de la pédagogie
10h15 : Discussion et pause
11h00 : Christopher Moore, U. d'Ottawa/OICRM
L'art de se livrer dans les années 1950 : les « entretiens » avec les compositeurs français
11h30 : Mathias Kusnierz, U. Paris-Diderot
Portrait du lecteur en théoricien : la fonction théorique du courrier des lecteurs de Jazz Hot et Jazz Magazine dans les années 1950 et 1960
12h00 : Discussion puis repas
Après-midi
Président de séance : Danièle Pistone
14h00 : Aurélien Bécue, U. Rennes II
La critique rock ou l'art de se faire tirer le portrait
14h30 :Noëmie Vermoesen, U. Rennes II
La chronique d'album dans Vice : continuité et originalité
15h00 : Discussion et pause
15h45 : Yves Landerouin, U. de Pau et des Pays de l'Adour
Trois revues musicales d'aujourd'hui : trois manières d'appréhender le genre de la critique de disques ?
16h15 : Charles Arden, U. Paris VIII
Critique, the rest is noise : du bloc-note à la fiction littéraire, le journalisme critique d'Alex Ross au New Yorker
16h45 : Discussion et clôture du colloque