Histoire

Histoire

Histoire d'ELLIADD

ELLIADD n'est pas qu'une unité de recherche : c'est un laboratoire et un centre de ressources pour la recherche universitaire, riche d'une histoire de plus de cinquante ans, qui lui confère une identité tout à fait spécifique.

Jacques Petit (1928-1982)

C'est en 1970 que Jacques Petit fonde le "Centre  de Recherches de littérature des XIXe et XXe siècle", labellisé par le CNRS, à l'Université de Besançon. Universitaire brillant, auteur d'une thèse sur Barbey d'Aurevilly, avant de multiples travaux portant sur Léon Bloy, François Mauriac ou Julien Green - dont il est l'ami -, il est aussi l'un des meilleurs spécialistes de Paul Claudel. Non seulement ses travaux critiques sont habiles à proposer des perspectives de lecture et d'interprétation neuves, mais il consacre une part importante de ses activités à des travaux d'édition qui anticipent sur les études de génétique textuelle.


Jacques Petit

A la fin des années 1970, c'est lui qui négocie la vente des manuscrits de Paul Claudel, encore détenus par la famille de l'écrivain, à la BnF. En compensation de ce travail, il obtient une copie de ces archives manuscrites sur microfilms. Rigoureusement dépouillés et inventoriés, ces microfilms vont constituer le foyer des recherches claudéliennes à l'échelle du monde, du Japon aux Etats-Unis, alors que la BnF soumet les chercheurs à un mode de consultation qui leur est peu favorable. Ces microfilms, aujourd'hui numérisés pour la plupart, font toujours la richesse d'ELLIADD.

Sa mort brutale en 1982, des suites d'un cancer, amène à rebaptiser le "Centre  de Recherches de littérature des XIXe et XXe siècle", "Centre Jacques-Petit". Michel Malicet en assure la direction, puis Jacques Houriez, Catherine Mayaux, Bruno Curatolo et France Marchal-Ninosque. En lien étroit avec la Société Paul Claudel, le Centre Jacques-Petit accroît ses ressources propres : il récupère, sous forme de copies, les dossiers de presse associés aux oeuvres de Claudel, des photocopies de manuscrits diverses - en particulier des lettres -, mais achète lui-même des manuscrits et, surtout, les publications claudéliennes. De multiples thèses viennent également rejoindre les rayons de la bibliothèque ouverte aux chercheurs.

En même temps, les chercheurs du Centre se lancent dans de nouveaux projets et élargissent les fonds, en particulier pour les archives des écrivains : Jacques Houriez, puis France Marchal-Ninosque, récupèrent et numérisent les archives de Claude Louis-Combet, Pascal Lécroart celles de Jean-Luc Lagarce et de Gilles Laubert. De son côté, Aurore Després, en lien avec l'association des Carrnets Bagouet, récupère et valorise toutes les archives audiovisuelles concernant les chorégraphies de Dominique Bagouet.

Jean Peytard (1924-1999), Bernard Quemada (1926-2018), Thomas Aron (1928-1990) : CRELEF, GRELIS et LASELDI

Les sciences du langage dont l’origine à Besançon remonte aux années 1960, sont liées à des dynamiques scientifiques générales mais aussi aux personnalités de leurs fondateurs. Jean Peytard (1924-1999), linguiste, agrégé de grammaire, auteur d’une thèse sur la préfixation, considère que la linguistique et la didactique ne se séparent pas de la sémiotique dont les textes littéraires sont un des objets privilégiés et doivent nécessairement entretenir le dialogue avec les sciences humaines et sociales. Il est l’initiateur d’une théorie du sens et du discours, la sémiotique de l’altération en parenté épistémologique avec l’analyse du discours : deux colloques internationaux lui ont été consacrés en 2012 à Besançon et au Brésil.

Son importante activité de structuration de la recherche et de direction de thèses (près d’une centaine dans les domaines de la linguistique, de l’analyse des médias et des discours sociaux, de la didactique, de la sémiotique littéraire)  contribue fortement au rayonnement de Besançon où il a fait toute sa carrière universitaire (1962-1992) et où exerce  également de 1950 à 1969 le linguiste Bernard Quemada (1926-2018), fondateur, en 1958, du Centre de linguistique appliquée (CLA) et  pionnier du traitement mécanographique du lexique. Thomas Aron (1928-1990), professeur de lettres, rejoint Jean Peytard au milieu de la décennie 60, au sein d’une section du département des Lettres (« Linguistique Sémiologie et Philologie Française ») qui s’autonomise par la suite. Spécialiste de Racine, Michaux, Ponge, Thomas Aron s’attache au dialogue entre psychanalyse, littérature et linguistique, notamment autour de la question de la littérarité.


Jean Peytard

Auteurs ou éditeurs de nombreuses publications aux Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté (ALUFC), animateurs de plusieurs séminaires, Jean Peytard et Thomas Aron créent en 1983 Semen, revue de sémiolinguistique des textes et des discours  soutenue à l’origine par les équipes du GRELIS puis du LASELDI et aujourd’hui  par ELLIADD. La revue, semestrielle, a acquis une audience nationale et internationale en études du discours. Jean Peytard et Thomas Aron que rapprochent leurs orientations scientifiques et leur engagement politique, marxiste sans exclusive, fondent l’équipe du GRELIS (Groupe de Linguistique et Sémiotique) à la fin des années 1970. Le Centre de Recherches en Linguistique et Enseignement du Français (CRELEF), existe, depuis 1970, associé au renouvellement pédagogique et regroupant des enseignants de la maternelle à l’université. Créée par J. Peytard et animée par ce dernier, puis par Jacques Bourquin, Pierre et Maryvonne Masselot, l’équipe a publié avec l’aide du CRDP les Cahiers du Crelef (1975-1997). Dans les années 90, le GRELIS, dirigé par Jacques Bourquin puis Claude Condé, intègre de plus en plus l’informatique associée à l’analyse textuelle, notamment sous l’impulsion de Claude Condé et Lionel Follet, préludant à l’orientation vers l’analyse outillée des corpus.

Le LASELDI (Laboratoire de Sémiotique Linguistique Didactique Informatique), EA 2281, créé en 2000, est issu du regroupement d’équipes de recherche en Sciences du langage de l’Université de FrancheComté (Eladi, dirigé par M. Masselot, - sémiotique et communication-, Idiomes dirigé par Gisèle Holtzer - didactique du FLE - rejoignant le Grelis) et réunit les chercheur.e.s de plusieurs sites de Besançon et Montbéliard. Dirigé successivement par Maryvonne Masselot, Claude Condé, Andrée Chauvin-Vileno et Daniel Lebaud, le Laseldi articule les sciences du langage et les sciences de l’information et de la communication, en relation avec la didactique et en dialogue avec les sciences humaines, les lettres et les arts.

La naissance d'ELLIADD

Sous l'impulsion de Jean-Marie Viprey, linguiste spécialiste du traitement informatique des textes, issu d'une formation littéraire, le Centre Jacques-Petit et le Laseldi décident d'additionner leur force pour donner naissance, en janvier 2012, à l'une des plus grosses unités de recherche en sciences de l'homme au sein de l'UFR SLHS de l'Université de Franche-Comté. Cette fusion a été réalisée dans le cadre du Contrat d’Établissement 2012-2016 de l’Université de Franche-Comté. À sa naissance, l’UR s’est structurée en 6 équipes de recherche :

  • « Analyse du Discours, Corpus, Sciences des Textes »  (ADCoST) ;
  • « Création, Intermodalité et Mémoire en Arts du Spectacle » (CIMArtS) ;
  • « Centre Jacques-Petit » (CJP) ;
  • « Didactiques » (DID) ;
  • « Langages, Langues, Communication » (LLC) ;
  • « Objets et Usages Numériques » (OUN).

La priorité a été clairement mise sur le développement de chacune des 6 équipes dans son domaine de compétence, de ses réseaux de coopération nationale et internationale. Afin d’assurer la cohérence de l’ensemble, l’identité de l’UR et la synergie scientifique aussi bien des collectifs locaux que de leurs réseaux, les EC d’ELLIADD se sont dotés de moyens pour la régulation de l’activité, notamment trois programmes de recherche transversaux : a) « Sujet, Sens, Savoir : formes du discours» ; b) « Variations d'échelle » ; c) « Pratiques et problématiques du numérique ». Le projet ELLIADD a reçu la cotation A de l’AERES pour le projet scientifique, et B pour la structuration en raison des risques pris à l’égard des moyens engagés.

Cependant, le laboratoire était plus proche d’une fédération d’équipes que d’une unité de recherche interdisciplinaire. Afin de favoriser la transversalité des recherches et la cohérence de leur gestion, le Conseil de laboratoire a lancé une réflexion sur la restructuration (octobre 2014) puis a adopté à l’unanimité la configuration du laboratoire en pôles portant chacun différents programmes (février 2015).

ELLIADD s’est ainsi structuré en 4 pôles scientifiques, chacun animé par un enseignant-chercheur :

  • Arts et Littérature (AL) ;
  • Conception, Création, Médiations (CCM) ;
  • Contextes, Langages, Didactiques (CLD) ;
  • Discours, Texte, Espace Public, Société (DTEPS).


En 2015, au moment du déploiement de la ComUE UBFC, l'ensemble des chercheurs de l'Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) a décidé de se rapprocher des unités de recherche du site. Cette décision visait à s'insérer pleinement dans la nouvelle structuration et à renforcer la cohérence scientifique du site. C'est ainsi que l'équipe ERCOS (ERgonomie et COnception des Systèmes) a décidé de rejoindre ELLIADD au printemps 2016. En effet, ses travaux sur la conception de produits et systèmes innovants évoluaient dans un contexte de prise en compte nécessaire des aspects humains, sociétaux et environnementaux dans la thématique « Mobilités et Transports du Futur ».  Par ailleurs, ERCOS développait des actions fondées sur le numérique, en lien avec l'environnement économique et industriel, ce qui facilitait son intégration dans ELLIADD, déjà implanté sur Montbéliard en plus de Besançon. Les membres ELLIADD ont approuvé, en AG, cette intégration. Dès lors, ELLIADD est devenu une unité de recherche pluridisciplinaire en sciences humaines et sciences pour l’ingénieur. 

A partir de septembre 2014, Ioan Roxin (UFC) a assuré la fonction de directeur du laboratoire. Il a été réélu par l’AG du 17 novembre 2016 pour le contrat 2017-2021. La fonction de directeur adjoint a d’abord été assurée par Yvon Houssais, puis par Federico Tajariol.

ELLIADD a été évalué très positivement par l'HCERES en 2023. Un nouveau projet a été présenté par Pascal Lécroart, élu directeur d'ELLIADD à l'AG du 9 décembre 2022. Il aboutit notamment à une plus grande clarté concernant le périmètre et les objets d'études de chaque pôle :

  • Arts et littératures, à dominante 9e et 18e sections ;
  • Didactiques et Education, à dominante 7e, 70e et 74e sections ;
  • Discours, dispositifs, sociétés, à dominante 7e section ;
  • ERgonomie et COnception des systèmes, à dominante 16e, 27e et 60e sections ;
  • Médiations et Pratiques numériques, à dominante 71e section.

ELLIADD est aujourd'hui un laboratoire solide, placé sous la double tutelle de l'UTBM et de l'UFC, qui contribue à interroger l'homme au sein d'un monde marqué par les défis de la transition numérique et de l'avenir même de nos sociétés.