Corps modifié en microgravité : L’expérience d’un autre espace-temps

Corps modifié en microgravité : L’expérience d’un autre espace-temps

Conférence

10/10/2024

Kitsou Dubois, chorégraphe et chercheuse en danse
Dans le cadre du séminaire « Patrimoine vivant en ethnoscénologie » # 2
Le 10 octobre 2024 de 13h à 14h30, UFR SLHS, Grand Salon, 18 rue Chifflet

 

 

Corps modifié en microgravité : L’expérience d’un autre espace-temps

Description

Kitsou Dubois chorégraphe et chercheuse en danse

Dans le cadre du séminaire « Patrimoine vivant en ethnoscénologie » # 2

Master Arts du spectacle

 

L’absence de gravité modifie la sensation du corps. Les appuis deviennent virtuels, le corps se dilate. Il oscille entre une hyper sensibilité et une perte de sensibilité . Il n’y a plus rien, pas de gravité, pas de support, rien que son corps et une sensation de mouvement infini. Il surgit alors des sensations paradoxales entre le vide et le plein, l’absence et la présence, la perte et l’ancrage, le plaisir et la peur, la rapidité et la lenteur. La relation à l’autre est mise en jeu par un biais moins émotionnel  plus concret. Il s’agit de cesser d’être dans le regard, mais de revenir aux appuis ou, comme cela se dit souvent en danse , de « mettre ses yeux dans ses pieds ».

 

L’expérience de la microgravité créé à la fois une sensation d’immersion contenante comme être dans la matrice tout en étant dans un désordre environnemental dû à la perte des repères …

En tant que chorégraphe et chercheuse en danse, je revisite les gestes fondamentaux de la danse à partir de cette expérience d’un autre espace temps. Sa  représentation sur terre questionne les pratiques de création (expérimentation en vol , dans l’eau, sur des agrès de cirque, avec des capteurs sensoriels), l’écriture chorégraphique (liée aux états de corps), l’espace scénique (immersion dans l’image et dans le son),  la relation à l’autre (notion de distance et de déséquilibre interne) et  le glissement des formes artistiques (de la danse au cirque, en passant par les  installations vidéos et les in-situ). 

Il s’agit pour moi, d’« embarquer » le public dans un autre rapport au temps et à l’espace, en  associant à la notion d’envol et de légèreté,  les paradoxes et  la complexité de cette expérience. En effet , le corps du danseur en microgravité est une formidable métaphore du corps contemporain. Nous sommes immergés dans des réseaux d’informations qui sont comme des terminaisons sensibles qui traversent notre corps. Celui-ci bien que pesant est comme soulevé, suspendu à ce monde qui nous entoure qui devient fluide voir liquide et qui nous échappe. Les appuis deviennent virtuels dans ce monde où la technique nous donne l’illusion d’être partout.

En mettant  le corps dansant au centre de dispositifs qui  créent des situations  immersives, je fais ressentir aux spectateurs, par empathie corporelle, l’étirement du temps  et l’expansion de l’espace. Mes spectacles ou mes installations  invitent à voir et sentir avec son corps, l’existence d’autres environnements et états d’être possibles, qui peuvent être à la fois très proches et très loin de nous.

Contact

Carolane Sanchez (Pôle Arts et Littérature - ELLIADD UR 4661) : carolane.sanchez@univ-fcomte.fr