Les Mille et Une Nuits des romantiques

Les Mille et Une Nuits des romantiques

Appel à communication

15/07/2024

Colloque international des Cahiers d’études nodiéristes,
Besançon, 13-14 février 2025.

Les Mille et Une Nuits des romantiques

Description

Colloque coorganisé par l’Association des Amis de Charles Nodier, la Société des études romantiques et dix-neuviémistes ainsi que le laboratoire Elliadd [UR4661] de l’Université de Franche-Comté.

Lorsque paraît en 1822 chez Galliot une nouvelle édition des MilleetUneNuits, avec une notice de Nodier sur Galland, célébrant la traduction de ces « riantes merveilles de l’imagination », l’Orient constitue déjà un des territoires favoris de l’imaginaire romantique européen. De nombreuses œuvres l’attestent : parmi tant d’autres, les contes arabes de Byron et LesOrientales de Hugo. Dans une lettre à Madame Hanska, Balzac présente quant à lui LaComédiehumaine comme « LesMilleetUneNuits de l’Occident ». Vigny crée même en 1831 le genre de la mille et deuxième nuit, que reprend Théophile Gautier en 1842. De fait, l’imaginaire romantique est hanté par LesMilleetUneNuits, comme il peut l’être par la mort ou par le seizième siècle. S’intéresser à l’influence des MilleetUneNuits sur la production romantique, c’est ainsi considérer ce qui peut apparaître comme un des éléments définitoires du romantisme, dans sa soif de l’autre, et sa quête d’évasion.

Tous les genres sont concernés. Dans le domaine romanesque, plusieurs œuvres dumasiennes le confirment : LeComtedeMonte-Cristo se présente explicitement comme un prolongement des MilleetUneNuits, avec « Simbad le marin », une des identités que s’est forgées Edmond Dantès. Dumas est aussi l’auteur des récits des MilleetUnFantômes : dans l’introduction, Alexandre Dumas s’adresse à un ami, Véron, à qui il rappelle que « vous m’avez dit souvent que depuis Shéhérazade et après Nodier j’étais un des plus amusants conteurs que vous eussiez entendus ». Au théâtre, le drame-féerie exploite volontiers des références à l’enchantement : quelle est la part due aux MilleetUneNuits dans la magie convoquée ? Cette dernière est-elle nourrie uniquement par le personnage récurrent de l’alchimiste (dont le nom même convoque l’Orient) ? Dans le domaine poétique, un poème comme « Les Vœux stériles » de Musset n’est pas exempt, dans son esprit, d’influence des MilleetUneNuits, fût-ce sur le mode déceptif de celui qui ne parvient pas à s’évader du piège d’une époque marchande. Un délicieux parfum de MilleetUneNuits flotte aussi autour de la production picturale et pourrait

 

faire l’objet de communications, afin de saisir la richesse, mais aussi la cohérence et la diversité qui caractérisent le fameux orientalisme des romantiques.

Ce sujet a curieusement été assez peu abordé jusqu’à présent, même si des études existent sur le motif de la nuit romantique et sur l’orientalisme des romantiques. Ainsi, dans les actes des colloques Les Mille et Une Nuits en partage (2004) et Les Mille et Une Nuits : du texte au mythe (2002), aucun article ne porte spécifiquement sur le romantisme et ses créateurs. L’objet du colloque n’est pas d’étudier la réception de la traduction de Galland au XIXe siècle, mais de mettre en lumière le rôle des Mille et Une Nuits dans la construction de l’âme romantique, en somme d’évaluer dans quelle mesure celle-ci s’est nourrie des Mille et Une Nuits et quels poncifs cela a pu aussi engendrer. Les articulations entre littérature (ou culture), histoire et imaginaire seront ainsi considérées, mais aussi la diversité des romantismes. Les communications de ce colloque pourront de ce fait s’articuler autour des axes d’étude suivants :

  • Quelle connaissance réelle les romantiques avaient-ils des Mille et Une Nuits ? Cette connaissance, tributaire de la « traduction » de Galland, est-elle fine ou lacunaire, selon les auteurs ?
  • En quoi et comment l’univers des Mille et Une Nuits a-t-il nourri l’imaginaire romantique ? Quels thèmes retiennent l’attention des contemporains de Nodier, et quels topoï peut-on associer à la production romantique inspirée de cet univers ? Qu’en est-il notamment dans les Contes de Charles Nodier ?
  • Quelles œuvres romantiques constituent un prolongement des Mille et Une Nuits, une variation inspirée par cet hypotexte ? Cela peut concerner aussi bien la reprise de thèmes que d’éléments formels, comme le recours au récit enchâssé ou la recherche de l’oralité si chère à Charles Nodier. Ne pas se cantonner à la littérature serait bienvenu : quelle est la part des Mille et Une Nuits dans l’inspiration des musiciens, des peintres et des sculpteurs ?
  • Enfin, quelle est la part des Mille et Une Nuits dans l’orientalisme des romantiques ?

 

Les propositions de communications sont à transmettre avant le 30 septembre 2024 à Stéphane Arthur et à France Marchal-Ninosque

Contacter : stephane.arthurhugo@gmail.com et france.marchal-ninosque@univ-fcomte.fr

 

Les actes du colloque feront l’objet d’une publication dans le 15e volume des Cahiers d’études nodiéristes à paraître en 2026 aux éditions Classiques Garnier.

Comité scientifique :

Julie Anselmini, Université de Caen

Stéphane Arthur, CPGE, Lycée Voltaire, Orléans Jacques Geoffroy, Université de Bourgogne Jean-Marc Hovasse, ITEM-CNRS, ENS-Paris Paul Kompanietz, CPGE, Lycée du Parc, Lyon

Marine Le Bail, Université Toulouse – Jean Jaurès France Marchal-Ninosque, Université de Franche-Comté Caroline Raulet-Marcel, Université de Bourgogne

Marta Sukiennicka, Université Adam Mickiewicz de Poznań Virginie Tellier, CY Cergy Paris Université

Sébastien Vacelet, Lycée français Jean-Mermoz de Buenos Aires Georges Zaragoza, Université de Bourgogne

 

Bibliographie :

 

Anselmini Julie, Le Roman d’Alexandre Dumas père ou la réinvention du merveilleux, Genève, Droz, 2010.

Feuillebois Victoire, Portraits de l’écrivain romantique en conteur nocturne, Paris, Classiques Garnier, « Perspectives comparatistes », 2021.

Les Mille et Une Nuits en partage, dir. Aboubakr Chraïbi, Arles-Paris, Actes Sud, 2004 (actes du colloque tenu à Paris du 25 au 29 mai 2004).

Les Mille et Une Nuits : du texte au mythe, dir. Jean-Luc Joly et Abdelfattah Kilito, Rabat, Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Mohammed-V Agdal, 2005 (actes du colloque tenu à Rabat les 30, 31 octobre et 1er novembre 2002).

Martin Roxane, La féerie romantique sur les scènes parisiennes, 1791-1864, Paris, Champion, 2007.

Said Edward, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, traduction de Catherine Malamoud, préface de Tzvetan Todorov, Paris, Le Seuil, 1980 (rééd. aug. 2003).

Contact

France Marchal-Ninosque :  (Pôle Arts et Littérature - ELLIADD  UR 4661) : france.marchal-ninosque@univ-fcomte.fr