Manon Him-Aquilli
Maître de Conférences
Université de Franche-Comté
UFR SLHS
30-32 rue Mégevand
25030 Besançon Cedex
Orcid :
0000-0003-1366-9419
Section CNU : 7°
Pôle principal : Discours, Dispositifs, Société
Thèse
Prendre la parole sans prendre le pouvoir. Réflexivité, discours et interactions dans les assemblées générales anarchistes et/ou autonomes.
Université : Université Paris Cité
Date de soutenance : 25/11/2018
Directeurs de thèse
Patricia Von Munchow et Cécile Canut
Jury : - Cécile CANUT (Université Paris Descartes, co-directrice) - Lilian MATHIEU (CNRS, examinateur) - Marie-Anne PAVEAU (Université Paris 13, examinatrice) - Michael SILVERSTEIN (Université de Chicago, rapporteur) - Véronique TRAVERSO (CNRS, rapporteure) - Pa
Spécialité : Sciences du langage
Mots-clés : assemblée générale; activité militante; anthropologie du langage; réflexivité langagière
Résumé
Au départ, la question a émergé du constat d’une contradiction, propre à l’anarchisme et à l’autonomie politique, entre antiautoritarisme et émergence de rapports de pouvoir dans les moments où il s’agit de s’organiser politiquement. Pour y répondre, j’ai décrit dans ma thèse l’institutionnalisation et le réinvestissement en situation d’une association entre « formalisation » des assemblées générales (AG) militantes et « horizontalité » des rapports sociaux. Pour cela, j’ai fait dialoguer l’analyse du discours française et l’anthropologie linguistique américaine, afin de saisir au mieux les enjeux sociaux et politiques de la réflexivité langagière, réflexivité provocant tout à la fois des mouvements de naturalisation et de dénaturalisation de l’ordre de l’interaction de ces assemblées. Au cours d’une ethnographie de quatre ans, j’ai constitué trois corpus : une sélection de textes, des notes d’observations directes et la transcription intégrale d’une AG singulière. Il est ressorti de l’analyse de ces corpus que le « registre interactionnel horizontal-formaliste », en se focalisant sur la domination sociale en tant qu’accès à la parole publique (distribution de rôles et de statuts, comme par exemple un « preneur de tours de parole » ou un « animateur »), non seulement transforme les rapports de pouvoir entre les participants des AG sans jamais les abolir mais délaisse également d’autres lieux possibles d’observation de l’exercice du pouvoir par la parole, notamment l’ensemble des questions liées à l’autorité discursive et donc à la valorisation des discours dans un espace social donné. Mais il est également apparu que cette force naturalisatrice, qu’est la réflexivité langagière, est contrebalancée du fait que les éléments construisant l’ordre interactionnel des AG sont investis de valeurs antagonistes par les différents locuteurs/acteurs sociaux en présence, antagonisme produit et producteur de l’évaluation mutuelle permanente et historique à laquelle se livrent les unités contestataires composant les mouvements anarchistes/autonomes, notamment sur la question de l’organisation politique. C’est ainsi que sous l’effet cumulé d’une forte valorisation de la réflexivité politique et de l’hétérogénéité discursive qui imprègne toute mise en discours, ici à propos des AG, des effets de dénaturalisation de cet évènement de parole sont également rendus possibles.
Financement
Contrat doctoral