Séminaire du pôle Discours, Dispositifs, Société

Séminaire du pôle Discours, Dispositifs, Société

Séminaire

28/11/2024

Séance de séminaire du jeudi 28 novembre 2024
15h00
salle K22 (Canot)

Séminaire du pôle Discours, Dispositifs, Société

Description

Echange avec Marion Bendinelli
Titre de la communication : Les personnages du Petit Prince, des humains « extraordinaires » ? 
Cette séance de séminaire sera l’occasion de présenter un travail initié depuis 2022 autour
du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry et de ses traductions, qui a donné lieu à une
journée d’études la même année ainsi qu’à un colloque en octobre 2023, tous deux coorganisés avec Danh Thành Do-Hurinville. Ce travail s’inscrit dans l’axe Traduction du pôle
DDS.
La présentation portera en particulier sur les personnages qui habitent les astéroïdes visités par le petit prince, lesquels dépeignent un tableau bien réel de notre humanité.
Nous proposons d’analyser la construction de différents personnages – le roi, le buveur, le vaniteux, le businessman, l’allumeur de réverbère et le géographe – tels que les présente et
décrit le petit prince. Si, pour ce dernier, ces grandes personnes sont « bien étranges » (1) « décidément bien bizarres » (2)  ou encore « tout à fait extraordinaires (3)», nous montrerons
que le regard qu’il porte sur ces adultes dresse le portrait d’une société contemporaine, au lectorat du milieu du XXè siècle comme à celui du XXIè siècle, servant un propos critique qui
ne se dévoile pas immédiatement.
De fait, le personnage est, au-delà de la « [r]eprésentation d’une personne dans une fiction » (Bernier et Saint-Jacques, 2002 in Belhadjin, 2018 [en ligne]), un effet que « le texte [produit]
sur le lecteur, qui l’actualise et lui donne une épaisseur » (Belhadjin, 2018 [en ligne]) selon son vécu et son environnement. Considéré comme « l’un des outils les plus opératoires pour
décrire et explorer l’existence humaine » (Daunais, 2005 [en ligne]), le personnage est une construction textuelle reposant sur des désignateurs (Glaudes et Reuter, 1998) ainsi que sur
les mentions de « ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il pense et comment il est vu par les autres » (Belhadjin, 2018 [en ligne]).
Notre travail s’inscrit en linguistique textuelle et énonciative. Nous nous appuierons essentiellement sur le texte intégral en français tout en enrichissant l’analyse de réflexions
suggérées par les traductions en anglais et en italien (cf. note 1), volets d’un corpus multilingue aligné ; nous développerons donc aussi une perspective ponctuellement
contrastive, influencée par l’approche comparatiste différentielle et plurilingue portée par Heidmann (2017).
Nous nous intéresserons aux modalités de dénomination et de qualification de ces six personnages, ainsi qu’aux marqueurs traduisant leurs perceptions et leurs émotions.
Cette première approche sera également adossée à une analyse des représentations visuelles, que les éléments de caractérisation des habitants soient dits (portés par une unité lexicale),
dénotés/montrés (portés par un passage à même de décrire une caractéristique visuelle) ou enfin suggérés par un trait graphique dans les illustrations publiées, préparatoires ou connexes.
Figés dans leurs certitudes, les personnages que nous nous proposons d’étudier sont mus par des tâches dénuées de sens (Gervais-Lambony, 2015). Un tel constat nous amène à nous
interroger enfin sur la possibilité de les qualifier d’antihéros, le lectorat ne pouvant se reconnaître dans ces personnages bien qu’il puisse y retrouver les figures, tantôt
prédatrices, tantôt victimes, d’un monde (politique, économique, social, professionnel) qui ne tourne pas rond. 

Contact

Margareta Kastberg SJöblom (Pôle Discours - ELLIADD UR 4661) : margareta.kastberg@univ-fcomte.fr 
Marion Bendinelli (Pôle Discours - ELLIADD UR 4661) : marion.bendinelli@univ-fcomte.fr